Appel médical: pas de guerre en Europe !--
Charles Ruiz
24 Février 2022
2022-02-23 - Berlin, Allemagne - International Physicians for the Prevention of Nuclear War
Les professionnels de santé en appellent à la diplomatie pour éviter un désastre humanitaire
En
Europe, les médecins et les autres professionnels de santé prennent
très au sérieux leur responsabilité en matière de prévention, pour
sauver des vies. La pandémie a montré de combien d’efforts ils sont
capables pour cela. Et maintenant il s’est développé en Europe une autre
situation d’urgence médicale qui réclame prévention. Si nous agissons
dans le bon sens, nous pouvons éviter la guerre- et le désastre
humanitaire qu’elle amènera inévitablement- en choisissant la diplomatie
plutôt qu’une nouvelle escalade.
La Russie fait partie du
continent européen et partage sa culture. Partout en Europe les peuples
ont conçus un grand espoir quand la guerre froide et le pacte de
Varsovie ont pris fin. La promesse d’une Europe unie semblait à portée
de mains. Mais l’Otan n’a pas été dissous, et les relations entre la
Russie d’une part et l’Otan et l’UE d’autre part se sont régulièrement
aggravées depuis vingt ans, atteignant un stade aigu d’antagonisme au
cours des dernières années, ce qui est extrêmement inquiétant.
Une
complète rupture de confiance dans le contrôle des armements et le
retrait des traités, comme dans le cas de l’Ukraine, ont exacerbé la
situation.
La coûteuse expansion de l’Otan et le remodelage
imposé par la force des frontières de l’Ukraine n’ont pas amélioré les
chances d’obtenir la sécurité et la paix. L’entretien des forces
militaires et le maintien de la course aux armements coûtent cher à
l’Europe et à la Russie. Nous avons tous maintenant besoin de ces
ressources financières pour atténuer les effets des changements
climatiques et de la pandémie d’aujourd’hui.
Les politiques
conflictuelles nous poussent au bord de la guerre, les deux parties
blâmant l’autre pour l’escalade. Il est contre-productif pour l’OTAN et
la Russie de faire face à ce conflit en mettant de l’huile sur le feu et
en donnant aux belligérants des munitions pour plus de confrontation.
Envoyer plus d’armes et de soldats sur les frontières des deux côtés
accentue le déséquilibre, précipite le risque de guerre et crée un
dangereux bras-de-fer comme lors des crises de Berlin en 1958 ou de Cuba
en 1962. Il y a soixante ans, nous avons été sur le bord du précipice
d’une guerre nucléaire et seuls des actes héroïques individuels, des
décisions courageuses et la chance nous ont sauvés. Ne recommençons pas.
Nous
devons prendre du recul et regarder l’impasse où nous sommes avec les
yeux de l’autre bord. Cela ne signifie pas que nous devons adopter
l’opinion des autres ou prendre leur point de vue. Nous devrions écouter
leurs besoins et essayer de les comprendre. Tirons parti de la sagesse
de nos prédécesseurs qui ont dû faire face à des circonstances
semblables lors de l’affrontement mondial des années 1950 et qui ont
lutté pour la réduction des armements et une zone exempte d’armes
nucléaires en Europe centrale.
Il n’y a pas de solutions faciles
aux conflits, mais une voie diplomatique porteuse de paix doit être
trouvée. L’alternative est inimaginable : la mort à grande échelle et la
destruction des infrastructures vitales, des centrales nucléaires et le
déplacement possible de millions de personnes en Europe. Mais à cela
s’ajoute la menace nucléaire, toujours présente, qui accompagne toute
guerre entre les nations dotées d’armes nucléaires. Dans ce conflit,
quatre États possèdent des armes nucléaires et ont des politiques de
première frappe.
Nous appelons toutes les parties adverses à:
- Cesser d’user de menaces et renoncer à l’escalade militaire
- Retirer toutes les troupes et armements de la frontière ukrainienne, des deux côtés
- Empêcher d’autres États de participer directement au conflit militaire
- Discuter
de mesures permettant de rétablir la confiance des deux côtés en
partant des besoins sous-jacents et de la façon de les aborder
- Arrêter de s’accuser mutuellement d’avoir déclenché le conflit et à repartir sur des bases neuves
- Entamer des négociations de désarmement nucléaire dans le but d’une véritable élimination mondiale des armes nucléaires
- Commencer les préparatifs pour adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN)
Nous
appelons tous les pays d’Europe à contribuer à éviter la guerre et une
catastrophe humanitaire en proposant et en soutenant des mesures de
désescalade.
Notre appel à un effort diplomatique ininterrompu
pour résoudre la crise politique n’a pas valeur d’alignement sur
certaines positions politiques : Nous cherchons à prévenir un conflit
potentiellement incontrôlable qui pourrait dégénérer en guerre
nucléaire.
»Signez l’appel médical ici
Voir la liste des signataires ici.
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