La Journée de la non-violence en Belgique : entre soutien à la Global Sumud Flotilla, défense du droit international et mobilisation citoyenne de masse--

Anna Lodeserto 02 Octobre 2025

Dans la nuit du 1er au 2 octobre, les navires de la Global Sumud Flotilla ont été interceptés par la marine israélienne. Plus de 500 activistes issus de 47 pays participaient à cette mission non-violente, suivie avec anxiété sur les réseaux sociaux par des millions de personnes à travers le monde, notamment par la « flottille de terre », une mobilisation humanitaire d’une portée historique à l’échelle mondiale.
Cette coïncidence dramatique est survenue le jour même de la Journée internationale de la non-violence, instaurée par l’ONU en 2007 à la date anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi. La réaction a été immédiate dans de nombreux pays : alors que le monde entier descendait dans les rues pour la Palestine, de nombreuses grèves et manifestations se sont multipliées jusque dans les plus petites villes, mobilisant des personnes qui, jusque-là, n’avaient pas nécessairement participé aux cortèges.

Au cours de ces heures de haute tension, tandis que les regards restaient braqués sur Gaza et que les appels à manifester se répétaient inlassablement depuis deux ans, les déclarations des responsables gouvernementaux semblaient s’inscrire dans une logique de realpolitik : une acceptation résignée selon laquelle le plus puissant impose sa volonté par la force et la stratégie, plutôt que par le droit. Entre invectives et appels à la médiation, la loi du plus fort tend ainsi à s’imposer comme norme, tandis que les États s’abstiennent d’agir selon le droit et la défense des peuples, et refusent encore de s’engager dans l’adoption de mesures susceptibles de mettre un terme au génocide.
À bord de la Global Sumud Flotilla, les activistes sont pourtant restés déterminés jusqu’au bout : briser le blocus de Gaza et acheminer des vivres, médicaments, laits infantiles, anesthésiques et prothèses pour les enfants amputés. Si cette cargaison risque de finir entassée comme tant d’autres aides humanitaires jamais distribuées, la flottille a néanmoins réussi à briser un autre mur : celui de l’indifférence.

En Belgique – comme en Italie, en Espagne ou au Portugal, où plusieurs citoyens figuraient parmi les arrêtés – la mobilisation a été immédiate. Des rassemblements ont eu lieu à Louvain-la-Neuve, Gand, Liège, Namur, Anvers, et surtout à Bruxelles, où les manifestations quotidiennes ont convergé vers le Parlement européen, réunissant plusieurs milliers de personnes.
Dans ce climat de tension internationale, de nombreuses organisations de juristes rappellent que l’action de la flottille est parfaitement légale au regard du droit international. Les eaux dites « israéliennes » ne le sont pas : aucun effet juridique ne peut être reconnu à une annexion illégale. La Cour internationale de Justice comme l’Assemblée générale de l’ONU ont récemment confirmé l’illicéité de l’occupation et rappelé l’obligation des États de défendre le droit du peuple palestinien à l’autodétermination.

Au-delà des questions de souveraineté, le droit humanitaire international interdit toute entrave à l’acheminement de vivres et de soins aux populations civiles. La Quatrième Convention de Genève et les ordonnances rendues en 2024 par la CIJ (26 janvier, 28 mars et 24 mai) l’affirment clairement : affamer une population constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité. Dans ce contexte, chaque attaque contre la Global Sumud Flotilla relève d’un usage illégal de la force, et les États dont les pavillons étaient représentés avaient même l’obligation de protéger leurs navires.

Ceux que plusieurs gouvernements qualifient de « désobéissants » sont en réalité les seuls à agir en conformité avec le droit international. Tandis que les dirigeants se retranchent derrière les facilités de la realpolitik et de la loi du plus fort, les citoyens dans les rues d’Europe et d’ailleurs rappellent que la véritable désobéissance civile ne consiste plus à violer la loi, mais à l’appliquer avec détermination lorsque les États la trahissent et refusent de la défendre.

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